Le Dessous du ciel
LE DESSOUS DU CIEL
1974, 1978, 1985
Dominique Piett - alias Hélène Honnorat
Histoire extraordinaire, exubérante et extravagante d’un feuilleton télévisé de 1974 à 1985.
Réédition du livre lors du feuilleton |
Avant-hier : apprentie parachutiste
Hier : Le Dessous du ciel, le livre et le feuilleton
Aujourd’hui : le blog
Époque « Le Luc-en-Provence »
Pliage de la SOA (Sangle d'Ouverture Automatique) |
Dans ma famille, ils étaient tous marins : mes deux grands-pères, capitaines au long cours, mes oncles, ma sœur qui possède un diplôme d’État de monitrice de voile.
Ayant l’esprit de contradiction, je me suis passionnée pour le parachutisme. J’ai fait sur le terrain du Luc-en-Provence mes premiers pas - mes premiers sauts ! - dans la carrière.
À l’époque, l’âge légal minimum était 18 ans. Je ne les avais pas encore, mais on me laissait sauter. On m’avait surnommée Non ho l’età (« Je n’ai pas l’âge »), titre d’une chanson qui avait remporté l’Eurovision !
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Époque « Bergerac »
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Pliage sans table de pliage. |
Après 18 ans, finie l’école buissonnière en matière de parachutisme : ma formation se poursuit en stage à Bergerac. Je suis passée de l’ouverture automatique à l’ouverture commandée et donc à la chute libre ; de la voilure hémisphérique au "656" rouge et blanc qui se dirige mieux. Dans mon carnet de sauts, dûment tamponné, je note avec application "saut de nuit", "étude spirale", "vrille droite", "vrille gauche", "test vrille accordé"…
Époque « Biscarrosse »
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En P.A. (Précision d’atterrissage), hum, fortunes variables ! Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation.
Compétitions, meetings en campagne et autres aventures
Parallèlement, une équipe se forme : chuteurs (dont moi), avions en location pilotes (« en location » également !), photographe… Les Visiteurs du Ciel sont nés.
Par la suite, l’équipe deviendra autonome : plusieurs avions, un pilote, des parachutes. Entre deux compétitions sportives, qui apportent une gloire très limitée, les Visiteurs organisent avec la bénédiction des autorités des meetings aériens en campagne, des baptêmes de l’air, des sauts sur parkings d’hypermarchés, en mer, en costume de Père Noël, sur stades pour fournir le ballon du match… activités qui, elles, apportent des espèces sonnantes et trébuchantes !
HH en meeting |
Les travaux aériens comprennent aussi le tractage de banderoles publicitaires,
Banderole publicitaire |
le divertissement des clients d’un grand club de vacances grâce au parachute ascensionnel que tire le long de la plage une increvable 403, etc.
Hier : Le Dessous du ciel, le livre et le feuilleton
Le livre (1ère édition, 1968)
1ère édition (photo Michel Auvray) |
Sur les terrains, j’ai certes côtoyé quelques anciens combattants encore amateurs de défis bizarres, comme les concours d’ouvertures basses… Il s’agit pourtant d’une espèce en voie d’extinction. J’ai beaucoup de respect pour l’exploit du militaire qui saute en pleine nuit, en zone hostile, avec 15 kg de matériel, ou davantage. La pratique du parachutisme sportif est d’une autre nature. Lassée des confusions entre « parachutistes » et « fascistes » (cf. la chanson du talentueux Maxime Leforestier !), j’ai envie de faire partager certaines de nos aventures. J’ai déjà écrit des nouvelles, qui ont été publiées.
Une année où nous séjournons à la neige pour initier les « Gentils Organisateurs » (du Club Med), j’écris Le Dessous du ciel.
Animateurs au Club Med |
Dans le roman, j’ai inclus nombre de péripéties vécues, mais aussi des éléments prémonitoires, comme hélas la mort d’un pilote, et comme la prouesse réalisée par Frank dans la fiction : « un vol relatif » entre un avion et un chuteur : ce dernier sort de l’avion (un Pilatus) qui pique, le rattrape... et le para revient dans l’avion. Cette acrobatie a été réalisée depuis.
Mon livre a été publié aux éditions Buchet-Chastel, sous un pseudonyme : Dominique Piett .
4 et 5 août 1973. Roger Gillioz tourne Le Dessous du ciel. La distribution compte 70 personnes. Le texte ici |
Télé 7 jours, 17 novembre 1973 : un an avant la sortie du feuilleton |
… Et moi, j’émets quelques critiques, cf. ma missive à Telfrance/Claude Matalou producteur délégué. Cela va des remarques techniques – non, un centre de parachutisme sportif ne s’appelle pas « un camp » ; non, le moniteur ne dit jamais à ses élèves « En position… Go ! » (toujours la confusion entre pratiquants militaires et sportifs) – aux critiques concernant les dialogues… Parmi « mes déplorations personnelles », je pointe « la formulation (…) du changement de statut de Jo : ̏Je suis une femme, maintenant, grâce à toi ̋ !! » La féministe en moi s’était soudain hérissée. On m’a la plupart du temps écoutée. De toute façon, il n’y avait plus moyen de reculer. (Aujourd’hui, mon cœur de midinette aidant, j’ai tendance à sourire avec attendrissement devant cette esthétique de roman-photo qui nimbe les épisodes).
"Un visage émouvant, des yeux immenses" : Marie-Georges Pascal incarne Joëlle |
Pierre Brice joue Mike dans Le Dessous du ciel. © Schorsch & Söhne, Kulmbach |
Gérard Chambre joue Louis dans Le dessous du ciel |
Le jour où j’ai été invitée sur le tournage, je n’ai pas rencontré les vedettes : ni Gérard Chambre, qui jouait Louis ; ni Pierre Brice, acteur français, énorme star en Allemagne où il incarnait l’Apache Winnetou (il était le pilote de mon roman, Mike) ; ni Patrick Verde (alias Frank), ni Marie-Georges Pascal, qui interprétait mon héroïne, Joëlle. J’ai eu une conversation agréable et passionnante avec un personnage qui n’existait pas… du moins dans mon roman : Tania (Jenny Arasse), que les scénaristes avaient créée !
Ainsi vont les feuilletons.
Tout en passant ma licence de lettres, j’ai passé ma licence de parachutiste professionnelle.
Épreuves de parachutisme professionnel. HH : la seule fille |
L’année suivante, après un CAPES et une maîtrise, j’entamais en Martinique ma carrière de professeur quand la diffusion du feuilleton a commencé, le 11 octobre 1974.
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Je me suis bien gardée de dire que c’était moi la coupable.
Je campais dans un studio : matelas par terre, une planche sur des tréteaux... pas de télévision. Je n’ai jamais pu voir l’ensemble du feuilleton.
Aujourd’hui : le blog
Retour à Montpellier. Retraite. Mes 5ème et 6ème livres, N’oublie pas Irma et Sois sage, ô mon bagage… sont publiés chez Yovana. Cet éditeur décide de produire une nouvelle version, illustrée, de Sois sage… Fin 2022, il me communique le mini-catalogue de son diffuseur.
Extrait du catalogue |
Pierre Cardin, par Gérard Chambre.
Je connais ce nom, puisque Gérard, au début de sa riche carrière, a incarné Louis dans Le Dessous du ciel ! L’acteur est devenu auteur !! Je vérifie... c’est lui. Je raconte l’histoire à Julien, mon éditeur. Il s’en amuse beaucoup et la transmet à Pascale Goze, l’éditrice de Gérard Chambre.
J’entre en contact avec Gérard (« ma créature », comme il dit plaisamment). Pascale décide d’organiser une rencontre, à Paris, dans le cadre des « Mardis Littéraires », place Saint-Sulpice. Nous nous retrouvons donc, le 30 mai 2023 : les deux éditeurs, le public, et les deux auteurs.
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Gérard Chambre - Hélène Honnorat - 30 mai 2023 |
...Soirée assez mouvementée (le héros s’est blessé au tendon d’Achille, il est plâtré !) mais pleine de charme. Nous signons nos livres et faisons enfin connaissance.
J’étais allée voir sa page Wikipédia, et surtout son site « privé », créé par Linda Compagnoni Walther, dont j’avais beaucoup admiré l’immense travail.
Pascale, l’éditrice de Gérard, me fait son éloge et me donne ses coordonnées, en Suisse. Alain, mon meilleur ami et gourou pour tout ce qui relève de l’informatique (mon ordi, ma page Wiki, mes pannes et paniques diverses) insiste pour que je prenne contact avec Linda, dans l’espoir qu’elle possède les 24 épisodes du feuilleton, ou plutôt de la « série », comme on dit aujourd’hui. Je m’exécute, et Linda m’envoie avec une infinie gentillesse une clé USB, que je transmets à Alain !
Pendant qu’Alain et Linda discutent technique par messagerie, je m’intéresse aux cinq épisodes du Dessous du ciel qu’elle avait jadis mis en ligne via YouTube, suscitant les réactions des amateurs.
Je découvre un commentaire en forme de révélation, signé Fred Chambon : « J’avais envoyé les DVD à M. Chambre car j’ai les cassette vidéo, mon père a été un des parachutistes qui ont participé a cette série et moi-même aussi le bébé qui pleure !!!! »
C’était donc lui, « le bébé qui pleurait » tandis que sa mère sautait en parachute ! Il figurait ainsi dans le film, quand les membres du Para-Club de Savoie doublaient les acteurs.
Son père, André Chambon, très connu dans le milieu aéronautique, était chef de centre.
Monetier : Pierre Berson, André Chambon, Hélène Honnorat, Jean Chasac |
Rediffusion 1978 - Rediffusion 1985 |
Moi, j’ai enfin pu visionner « mon œuvre » (et celle de toute une équipe !), la série... ainsi, même si elle présente un grand décalage par rapport à l’intrigue initiale, par rapport à notre environnement actuel et par rapport au « politiquement correct » d’aujourd’hui, je prends un infini plaisir, teinté de mélancolie, à m’y plonger ! Je suis épatée que mes 240 pages aient pu donner naissance à une telle production, aient mobilisé autant de précieuses ressources ... (scénaristes, réalisateurs, acteurs, paras, pilote avions, hélicos, etc.) et que ladite série ait été diffusé pendant dix ans dans plusieurs pays ! .
Je remercie tous les vaillants protagonistes qui m’ont permis de la retrouver, comme un enfant perdu avec qui j’ai l’impression de renouer, sens dessus dessous (du ciel), dans une autre vie et une autre dimension.
Alain a effectué un travail de découpage, de mise en fichier individuel de chacun des épisodes, qui se trouvaient bout à bout sur les DVD, de mise en ligne…
Il nous a demandé de témoigner de « notre histoire avec Le Dessous du ciel ». Ainsi est né ce blog, fruit de multiples coïncidences !
HH, octobre 2023
Je tombe des nues en découvrant "la vie d'Hélène H. parachutiste"! Ton talent d'écrivaine je le connaissais, mais que tu sois une fille de l'air, ça m'émerveille! Et toujours discrète comme une plume. L'aventure de la recherche du feuilleton et des ses acteurs est passionnante. Un vrai roman! Merci de nous l'avoir offerte. Amitié.
RépondreSupprimerMerci à Alain, le concepteur / constructeur / illustrateur. Oui, l'histoire du "Dessous du ciel" est un petit roman... feuilleton !
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